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Sénégal - Bac 2025 : 47,62 % de réussite, la chute se confirme après trois années de glissement

Le baccalauréat 2025 s’est refermé sur une note d’inquiétude pour le système éducatif sénégalais, avec un taux de réussite global en net recul. À peine 47,62 % des candidats ont décroché leur diplôme cette année, contre 50,50 % en 2024 et 51,61 % en 2023. Sur les 162 527 candidats effectivement présents, seuls 77 388 ont été déclarés admis.


Rédigé par leral.net le Mercredi 6 Août 2025 à 23:56 | | 0 commentaire(s)|

Ce glissement vers le bas n’a pas échappé au ministre de l’Enseignement supérieur, Abdourahmane Diouf, qui, lors d’un point de presse organisé à Diamniadio, a lancé une alerte : « Le bac est le miroir de l’ensemble du système », a-t-il dit, insistant sur l’urgence de « renforcer la qualité des apprentissages en amont ».

Cette baisse des résultats survient paradoxalement dans un contexte de progression constante du nombre d’inscrits au fil des années, passant de 157 318 en 2021, à 166 403 en 2025. Une dynamique de massification qui, si elle témoigne d’un meilleur accès à l’enseignement, ne garantit pas encore la qualité. L’analyse des tendances sur cinq ans, révèle une évolution en dents de scie : après un pic historique en 2022, le système semble être retombé dans ses travers structurels, en proie à une perte d’efficacité pédagogique.

Le tableau global masque toutefois certaines performances remarquables, notamment dans l’enseignement technique. Avec un taux de réussite de 69,24 %, les filières techniques ont nettement devancé les filières générales, qui plafonnent à 47,16 %. Sur 3 384 candidats issus de ces séries technologiques, 2 343 ont réussi leur examen, ce qui représente une performance proportionnelle largement au-dessus de la moyenne. À l’inverse, malgré leur poids numérique, les séries littéraires affichent les résultats les plus faibles. Les filles, en particulier, enregistrent un taux de réussite de seulement 42,70 %, contre 47,46 % chez les garçons.

Les mentions, elles aussi, illustrent la difficulté générale : seulement 10,44 % des admis ont obtenu une distinction. On recense 6 661 mentions Assez Bien, 1 281 mentions Bien et seulement 139 mentions Très Bien. La série S2 se distingue comme la plus performante en termes de mentions supérieures, confirmant son attractivité et son rôle central dans l’accès aux filières scientifiques.

Du côté des structures éducatives, les écarts sont tout aussi éloquents. Les établissements publics concentrent la majorité des admis, avec 50 387 élèves reçus, soit un taux de 57,92 %, tandis que les établissements privés laïcs stagnent à 42,05 %, avec 22 478 admis. Les candidats libres, souvent désavantagés par le manque d’encadrement, affichent un taux très faible de 20,49 %. À l’opposé, les établissements confessionnels – souvent mieux structurés et plus sélectifs – brillent avec un taux exceptionnel de 89,16 %, illustrant l’impact de l’encadrement pédagogique sur les résultats.

La géographie du succès scolaire reste également marquée par de fortes disparités. La région de Dakar domine encore, avec un taux de réussite de 60,41 %, suivie de Louga (52,69 %) et de Rufisque (52,04 %), tandis que Sédhiou (36,69 %) et Ziguinchor (38,42 %) ferment la marche. Ces écarts territoriaux interrogent sur les conditions d’enseignement, les infrastructures, la qualité de l’encadrement, mais aussi sur l’inégalité d’accès aux ressources pédagogiques.

Face à ce constat, le ministre Abdourahmane Diouf a appelé à une mobilisation nationale : « Le bac de demain, doit allier massification, excellence et équité », a-t-il lancé, déterminé à faire du baccalauréat, non seulement un outil de mesure, mais un levier de transformation. Si le nombre de bacheliers ne fait plus illusion, le défi qui s’impose désormais au Sénégal, est celui d’un système capable de conjuguer quantité et qualité, dans une vision durable et inclusive de l’éducation.






Birame Khary Ndaw

Ousseynou Wade